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    Pour François Burgat, l’islamisme est « une régression fécon

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    Pour François Burgat, l’islamisme est « une régression fécon Empty Pour François Burgat, l’islamisme est « une régression fécon

    Message  silverbold Mar 15 Mai - 23:59

    Pour François Burgat, l’islamisme est « une régression féconde », 1ère Partie

    Par Hakim Arabdiou
    Lundi 7 mai 2007

    article publié dans la lettre 535


    Les travaux du politologue français, François Burgat, constituent pour l’essentiel une tentative de « théoriser » et de rendre attrayante l’idéologie réactionnaire et capitaliste des islamistes, qui représentent la plus virulente des forces politiques au service des féodaux et de certaines fractions de la bourgeoisie musulmane, notamment compradore. Précisions d’emblée que notre politologue, pour prévenir d’éventuelles objections, et outre ses nombreuses confusions et amalgames dans le lexique et les périodes, parsème ses textes de tours de passe-passe sémantiques, qu’il pourrait exciper par un : « J’ai pourtant bien précisé que… ».

    Les islamistes seraient les vecteurs de la modernité du « Nord » « judéo-chrétiens » dans le monde musulman et parmi les minorités musulmanes d’Occident .

    Cet universitaire semble « découvrir », des décennies après la gauche arabe et celle des pays musulmans, la nature foncièrement politique et non religieuse des mouvements islamistes. De plus, selon lui, ces derniers lutteraient pour introduire dans les pays musulmans, les valeurs du « Nord » judéo-chrétiens, telle que la « démocratie, la laïcité, les droits de l’homme… . On reste interloqué par une telle assertion, lorsque l’on sait - et Burgat, plus que tout autre - que les principaux doctrinaires de toute la mouvance islamiste dans le monde, ne sont autres que Mohammed ibn Abdelwahab, Ibn Taymia, El Mawdoudi, Qichq, Qotb…, c’est-à-dire les auteurs des interprétations les plus réactionnaires de l’islam. Autre élément : le farouche combat des islamistes contre ces valeurs, combat mené, soit ouvertement, soit sournoisement, selon que le rapport de forces soit en leur faveur ou non. Eh bien non ! nous prévient-il ; les islamistes feignent seulement de rejeter ces dernières, alors qu’en réalité, ils n’en refusent que la terminologie, qui sert à les nommer, terminologie associée, selon lui et les islamistes, dans l’imaginaire des peuples musulmans, aux entreprises coloniales, néocoloniales et impérialistes. Ce rejet, qui ne serait donc qu’apparent, est en fait une « réappropriation » de ces valeurs par eux, en vue de les réintroduire dans les sociétés musulmanes, par le biais d’un lexique et de référents culturels locaux, avant tout religieux.

    « Les sociétés du Sud réintroduisent les références de leur culture locale-la culture musulmane sic - dans les différents niveaux, esthétiques, idéologique… ou politique, de décorer sa maison, des façons de parler et de penser, des références philosophiques, littéraires ou politiques, des modes de raisonnement juridique, que l’irruption des modèles occidentaux avaient discrédités, retrouvent ainsi irrésistiblement leur crédibilité et leur attraits perdus ». c’est moi qui souligne, H.A

    François Burgat serait-il un fieffé réactionnaire sur le plan social, en comparaison à Mahfoud Nahnah, Frère musulman algérien et ancien leader du Mouvement de la société pour la paix (MSP), qui aimait répéter dans ses déclarations que : « Si le Prophète (Mohammed) était de notre temps, il s’habillerait en costume d’alpaga ». D’ailleurs, un grand nombre d’aspects du mode de vie et institutionnels occidentaux sont adoptés par les sociétés et les Etats musulmans. Ils auraient pu l’être davantage, si les islamistes et les pouvoirs en places avaient accepté d’aller plus loin, sans craindre de perdre certains de leurs privilèges. Notre spécialiste de l’islamisme ajoute que cette « réappropriation » consiste à expurger la modernité de ses contingences historiques (européocentriques), afin d’en conserver ses invariants universels.

    Si l’on en croit ces affirmations, les islamistes ne combattraient pas la laïcité, en tant que telle, mais seulement, parce qu’elle serait reliée, selon lui, à un sombre passé, dont la responsabilité incombe à ses promoteurs, et parce qu’elle a évincé la chari’a de la gestion de la Cité. Or l’essence même de la laïcité n’est-elle pas la séparation des Eglises et de l’Etat ?

    Pour appuyer cette assertion, notre auteur n’a pas trouvé mieux que d’appeler en renfort le salafiste, Omar Aderrahmane, l’un des commanditaires de l’attentat criminel, de février 1993, dans les sous-sols du Word Trade Center, à New York, attentat qui avait fait six morts et un millier de blessés, parmi des innocents. « du fond de la prison américaine, écrit-il, Omar Abderrahmane vitupère les « soixante-dix années sans chari’a » qu’il rend responsable de tous les maux des musulmans ». Liess Boukra, sociologue algérien, comble opportunément le « déficit » en information de Burgat, en indiquant que ce leader islamiste dirigeait « depuis plusieurs années, le centre des réfugiés Al-kifah, à New York ; un centre où se recrutent les volontaires du Djihad. Durant la guerre en Afghanistan, il a été utilisé comme centrale de recrutement par la CIA. »[1]

    De plus, il est notoire que les islamistes vouent aux gémonies la laïcité, car elle les prive de leur fonds de commerce : la redoutable arme de la religion. Aussi, n’hésitent-ils pas à mentir effrontément à son sujet, en violation des prescriptions du Coran, et à falsifier la signification de l’un des principaux piliers de la modernité politique, en vue de provoquer son rejet par les musulmans, en leur affirmant que la laïcité est synonyme d’athéisme.

    François Burgat nous rassure par ailleurs qu’il a : « fréquenté suffisamment de près de leaders ou de militants islamistes au cours de dix-sept années que j’ai vécu dans le monde arabe. », pour être en mesure de jeter aux orties les définitions de ce courant politique, qu’en donnent des « professeurs de criminologie » sur les plateaux de télévision. Il définit quant à lui « l’islamisme (…comme) avant tout l’usage du lexique musulman dans la sphère politique… »

    C’est par une telle ineptie que notre chercheur veut nous faire croire que les islamistes n’instrumentalisent pas sans vergogne l’islam en vue d’instaurer une théocratie, comme mode de gestion du politique, afin de permettre une exploitation féroce de la classe ouvrière et des masses laborieuses musulmanes. Faisons observer que, quelques années plus tard, celui-ci nous informe que désormais les notions de mouvement « islamique » ou « islamiste » sont inopérantes, car elles couvrent une réalité disparate. Il ne continuera pas moins - quelques… mots plus loin- à employer ces deux termes, sans craindre la contradiction.




    "une régression féconde": Cette expression fascisante est de Lahouari Addi, universitaire algérien, pour commenter à chaud la victoire du FIS aux élections législatives de décembre 1991. Il voulait signifier par là que les Algériens se guériront de l’islamisme, lorsqu’ils subiront à leur dépens l’expérience d’un régime de ce type. Cela n’empêchera pas cette universitaire, venu enseigner en France, après cette victoire, d’être un fervent réconciliateur avec ce parti, et l’un des supporters de l’accord de San Egidio, à Rome, de janvier 1995, qui consacrait la reddition devant le FIS du peuple et de l’Etat algériens.

    Textes de François Burgat :

    * « D’un intégrisme à l’autre », pp. 31-37, in ouvrage collectif, Intégrismes, Algérie, jusqu’où peur-on comprendre ? les nouveaux cahiers du Sud, n° 1/janvier 1996, éd. de l’Aube.
    * « Une volonté de « retour au passé » ? », pp.75-84, in ouvrage collectif, L’Islamisme, éd. La Découverte, Paris, 1974.
    * Interview accordée au journal l’Humanité du 15 septembre 2001.
    * Magazine l’Express, du 17/11/2005
    * La génération Al-Qaïda : de l’imposition d’un ordre contesté à l’internationalisation d’une résistance « islamique », en II partie, les mardi 2 et mercredi 10 novembre 2004, in site islamiste Oumma.com.

    Notes

    [1] Liess Boukra : le Terrorisme : définition, histoire, idéologie et passage à l’acte, Chihab édition, 2006, Alger.
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    Pour François Burgat, l’islamisme est « une régression fécon Empty Re: Pour François Burgat, l’islamisme est « une régression fécon

    Message  silverbold Mar 15 Mai - 23:59

    La pression (ou revanche ?) inéluctable de l’islam sur le judaïsme, le christianisme et la civilisation occidentale

    Selon notre auteur, ce que l’on désigne par « retour du religieux », à travers la « réislamisation », dans les pays musulmans, ainsi que la « rejudaïsation » et la « rechristianisation », dans le monde judéo-chrétien, couvrent, sous un vocabulaire religieux, un malaise et des aspirations parfaitement profanes ; l’emploi du vocabulaire religieux ne devant donc pas faire illusion.

    Il n’aime toutefois pas l’expression « refus de tous les intégrismes », qui assimile le premier processus aux deux autres. La « réislamisation » s’en différencieraient fondamentalement, par ses perspectives historiques progressistes, qui seraient tout à l’opposé des deux autres phénomènes. Ces derniers seraient appelés à se muer immanquablement en « intégristes ». L’islamisme serait d’ailleurs en train d’achever sa phase « intégriste », depuis la fin des années soixante-dix, phase qui aurait terni à tort son image. L’achèvement de cette phase s’accomplirait, sous l’effet conjugué du développement économique et social, et de l’ouverture démocratique dans les Etats musulmans. De plus, « en terre chrétienne du Nord, la réalité d’un « retour du religieux » est loin d’être établie. » Il est surprenant que François Burgat puisse effectuer pareils comparaisons et avancer de tels pronostics concernant ces deux derniers phénomènes, alors que leur existence n’est même pas prouvée ?

    Comme illustration parmi d’autres de la « modernité islamique », notre universitaire nous cite ces berbères algériens, qui, en adhérant à la cause islamiste, se seraient par la même occasion, délestés de leur carcan « ethnique », qui les maintenait dans un « ghetto politique ». A le suivre, ce sont les tueurs du FIS qui sont imprégnés des valeurs de la modernité politique, et non pas les militants des partis démocratiques, modernistes et laïques du Front des forces socialistes de Hocine Aït-Ahmed, et du Rassemblement pour la culture et la démocratie, de Saïd Sadi.

    Il ajoute, en colportant en partie, les proclamations des islamistes radicaux, confortant ainsi les théories musulmanophobes des adeptes du choc des civilisation, en prédisant aux deux autres processus (de « rejudaïsation » et de « rechristianisation ») de sombrer dans l’intégrisme, sous la « pression de l’islam » (encore une confusion sciemment entretenue, qu’il emprunte aux islamistes) « idéologique » (islamiste ?) et « sociologique » (entendre le poids numérique grandissant de l’immigration musulmane en Occident) « sur la civilisation occidentale », et sur le christianisme et le judaïsme. François Burgat donne ainsi raison aux néoconservateurs et aux racistes de tous poils en Occident de mettre en garde leurs concitoyens, contre les menaces que feraient peser l’islam et les musulmans sur leur identité et leurs valeurs.
    La « modernité islamique » assigne les musulmans à un retour préalable à l’état « théologique »

    L’intéressé nous précise cependant que « Le processus (…) de restauration des références (…) induit inévitablement (c’est moi qui souligne, H.A) des formes de rupture avec ce que le « progrès », c’est-à-dire, pas seulement technique mais aussi intellectuelle et politique, a depuis lors apporté à ces sociétés (musulmanes) ». Ainsi, pour que les peuples musulmans puissent accéder à la modernité, notre universitaire leur inflige un retour préalable à l’aube de l’humanité, en refaisant le chemin de celle-ci tel que tracé par Auguste Comte, à savoir les états « théologique », puis « métaphysique » et enfin « positif ». En termes crus, les musulmans seraient condamnés à subir le purgatoire d’une phase de transition, qu’il est difficile d’appeler autrement que dictature islamiste.

    Burgat pousse le zèle encore plus loin que les islamistes les plus obtus, jusqu’à parler de bannissement temporaire par les islamistes de la technologie dans les sociétés musulmanes. Bref, une société à la Khmer rouge. Alors que les Etats islamistes, grâce à leurs richesses colossales, figurent parmi les plus gros consommateurs de technologie, et qu’Al-Qaïda use d’une technologie ultra-sophistiquée, pour massacrer des musulmans et des innocents dans le monde.
    La prétendue « efficacité » du discours et des référents islamiques

    Notre chercheur aborde une autre idée, au prix d’un énième parti pris flagrant en faveur des islamistes et au mépris de l’objectivité à laquelle il est tenu en tant que chercheur. « Pourquoi, selon lui, le lexique et le référentiel de la culture islamique ont acquis, dans des mobilisations sociales (…), une « efficacité » supérieure à ceux qui les ont précédés et notamment, ceux du nationalisme « ethnique » (arabe) dit « laïque » ». D’abord, cette prétendue « efficacité » du discours et des référents islamiques n’est ni plus, ni moins efficace que le discours et le référentiel nationaliste et racial ou racialiste, tout aussi populiste et démagogique de l’extrême droite européenne et des évangélistes états-uniens qui surfent, à l’instar des islamistes, sur les frustrations des classes populaires. Cette « efficacité » s’inscrit dans une conjoncture nationale et internationale marquée par l’offensive de la réaction et de la contre-révolution ultra-libérale, dont les organisations islamistes constituent, à des degrés divers, l’un des détachements, à l’échelle du monde musulman. Les quelques contradictions, secondaires et bien circonscrites, qui peuvent quelquefois les opposer à leurs homologues occidentaux ne changent pas fondamentalement la donne.

    Cette prétendue « efficacité » le doit aussi pour une part non négligeable aux milliards de dollars que leurs parrains saoudiens, kowéitiens, etc. leur déversaient, ainsi que des tonnes de littérature religieuse et politique, et des cassettes audio et audio-visuelles à contenu obscurantiste, anticommuniste, antisémiste, misogyne. Ce discours et ce référentiel « islamiques » justifient par la volonté divine l’inégalité entre les hommes et les femmes, et entre le riche et le pauvre, glorifiant la propriété privée, prônant la charité à la place de la solidarité et la résignation de classes, au lieu de la lutte de classes. De même, ils propageaient des slogans tels que « Ni Est, ni Ouest ! », qui n’est qu’une adaptation du slogan nazi : « Ni capitalisme, ni socialisme ! ».

    Enfin, Burgat espère-il nous faire oublier qu’il n’en pas toujours été ainsi pour ce qui est de ce type d’« efficacité ». Ce qui soulevait l’enthousiasme des musulmans par le passé, c’était les mots nationalistes magiques tels qu’ « el watan » (la patrie), «el istiqlal » (l’indépendance), « el houria » (la liberté), et socialistes, tels que « el ichtirakya » (le socialisme), « el adala ijtimaïa » (la justice sociale), la fin de «el istighlal el insann bi akhihi el insann » (l’exploitation de l’homme par l’homme)... Ce n’est d’ailleurs pas seulement la répression (dont ont également été victimes les communistes et d’autres forces politiques et sociales), qui avaient alors isolé les islamistes des peuples musulmans, mais avant tout pour les raisons que j’ai énumérées. Les peuples du Proche-Orient les avaient même affublés de sobriquets tels que « Toudjaar Eddine » (les Commerçant de la religion) et d’« Ekhwane Echayatine » (les Frères du diable).
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    Message  silverbold Mer 16 Mai - 0:01

    La violence des islamistes : peut-être responsables, mais sûrement pas coupables, selon Burgat

    Dans un débat organisé par le magazine l’Express, entre la journaliste et spécialiste du fondamentalisme, Caroline Fourest, et François Burgat, la première n’a pas manqué d’interpeller le second au sujet de ses positions sur le terrorisme du FIS en Algérie. « Dans tous vos écrits, lui avait-elle reproché, vous avez soutenu le Front islamique du salut. Les massacres, selon vous, étaient uniquement imputables à l’armée et au gouvernement. Autrement dit, les islamistes seraient de doux agneaux… », et le fait aussi qu’il ait mis toute « son énergie à dénoncer le complot de l’armée (algérienne) ne sert qu’à une chose : disculper les intégristes de leurs crimes… ». Elle avait un peu plus tôt défini l’islamisme, comme un « mouvement politique qui instrumentalise la religion à des fins liberticides et réactionnaires. »

    Voici la réponse du mis en cause. « Nous serions d’accord (…) si vous évoquiez la composante « salafiste », c’est-à-dire la frange sectaire du courant islamiste, et non pas sa totalité. (…) Elle existe. Je la dénonce et je la combats comme vous. »

    Voyons maintenant comment François Burgat « dénonce » et « combat » cette tendance de l’islamisme. D’abord, il omet volontairement de porter à notre connaissance que le FIS et ses nombreuses bandes armées sont des salafistes, pure jus. Ensuite, il absout ces mêmes salafistes de leurs longues listes d’atrocités en Algérie : égorger des citoyens, enfourner des bébés, faire exploser des voitures piégés devant les marchés et les lieux populeux, transformer dans les maquis les sabayas (les captives) en esclaves du travail le jour et en esclaves sexuels le soir pour tous les membres du groupe, violer ou sodomiser une femme parfois devant son mari ou ses enfants, avant de la découper, etc. Il fait également endosser la « …responsabilité massive, systématique (c’est moi qui souligne, H.A) de l’armée algérienne dans les massacres qu’elle a attribués aux islamistes ? »

    Notre chercheur ne se contente pas de blanchir, comme neige, a posteriori les assassins se réclamant de l’islam politique. Il excuse aussi a priori leurs crimes, en les présentant, comme des victimes. Leur violence ? Elle n’est que le fruit de l’oppression passée et présente du colonialisme, du néocolonialisme et de l’impérialisme qui sont de « véritables machines qui fabriquent des poseurs de bombes » et à « produire de la violence politique ». Malgré cela, les « salafistes » qu’il dit « dénoncer » et « combattre » ne seraient pas passé à l’acte, s’ils n’ont pas été forcés à dessein de se « radicaliser », et s’il ne s’était pas agi de « manipulations, souvent massives, des franges extrémistes de l’opposition islamiste » de la part des régimes musulmans.

    Par dépit que les islamistes aient échoué à instauré une islamodictaure à la soudanaise en Algérie, notre politologue décharge sa rage en traitant de « laïco-éradicateurs »[1] les démocrates républicains algériens[2], constituées d’une partie de la gauche et des laïques, ainsi que de l’écrasante majorité des organisations féministes, syndicales et des anciens résistants anti-colonialistes.

    Notre auteur cache également à ses lecteurs qu’en Algérie (et dans quelques autres pays musulmans), la répression contre le terrorisme islamiste est menée, depuis les débuts des années 1990, avec la pleine collaboration des Frères musulmans algériens, du MSP, qui comptent plusieurs ministres, dont Abou Djerra Soltani, le président actuel de cette formation politique, dans le gouvernement islamo-conservateur algérien.[3]

    Précisons au passage que l’armée algérienne est d’extraction populaire (60% d’appelés du contingent) et ne se réduit aucunement à une poignée de généraux véreux. Elle compte en son sein des milliers d’officiers républicains et une minorité de laïques qui ont combattu le terrorisme islamiste sur une base idéologique : la préservation du caractère républicain de l’Etat algérien.

    Selon lui, la violence islamiste serait de tout façon un moindre mal, dans la mesure, où elle vise à l’avènement de la « modernité islamique ». C’est ainsi qu’il cite entre autres le cas de l’interdiction de force, en 1979, par les commandos islamistes, de la mixité dans les excursions à l’université du Caire. Il affirme sans sourciller que cette interdiction correspondait à l’aspiration de la « population universitaire féminine- en l’occurrence une large majorité- pour qui la pratique de la mixité hors mariage n’est pas acceptée ». Il ajoute que « Pour toutes celles pour qui ce qui se passe « sous le voile » (C’est moi qui souligne, H.A) ne se passe à bien des égards que grâce à lui, cette réconciliation va paradoxalement permettre de goûter aux bénéfices d’une indiscutable… modernisation. » D’après lui donc, si ces étudiantes avaient rejeté la mixité, c’était en vue d’échapper au contrôle de leurs familles et d’accéder par conséquent à un mode de vie moderne, notamment de pouvoir satisfaire leurs désirs sexuels, grâce aussi au port du hidjab, qui éloigne d’elles tout soupçon de fornication.

    Premièrement, sur quoi Burgat s’est-il fondé pour affirmer qu’une « large majorité » d’étudiantes égyptiennes de cette université avaient refusé la mixité hors mariage ? A-t-il effectué un recensement, parmi elles ? De plus, la citation ci-dessous montre que Burgat confond entre les étudiantes non voilées et les étudiantes voilées, qui sont soit des militantes ou soit des sympathisantes islamistes. Deuxièmement, comment ces mêmes étudiantes utilisaient, d’après lui, le stratagème du port du hidjab, pour pouvoir faire l’amour avec leurs camarades étudiants, en même temps qu’elles refusaient de les côtoyer. Troisièmement, la présence même de ces étudiantes dans cet établissement, où règne la mixité, atteste que cette dernière ne constituait pas un obstacle majeur pour leurs familles.

    De plus, le rejet de la mixité par les islamistes ne concerne pas seulement cette enceinte et ce seul milieu, bien au contraire. Dans toutes les universités des pays musulmans, où ils disposaient d’un minimum de puissance (avec l’apport des islamistes non universitaires ou du lumpen-prolétariat), ils avaient imposé ou tenté d’imposer la séparation des sexes. Ils ont également appliqué cette politique en dehors du milieu universitaire. C’est ainsi qu’en Algérie, dans les municipalités qui disposaient de régies de transport, et que le FIS avaient gagnés, en 1990, comme celle de Blida, ce parti avait installé une cloison en plexiglas, au milieu des bus, séparant les femmes (à l’avant) et les hommes (à l’arrière). Nous l’avons vu aussi en France avec leur réclamation, à l’instar des intégristes juifs, des séances de piscine non mixtes, ou la soigneuse séparation des femmes et des hommes, lors des rassemblements et des réunions organisées par eux, même en présence d’un Tariq Ramadan, qu’on présente faussement comme un islamiste modéré ou un musulman libéral.

    Voyons maintenant comment François Burgat justifie-t-il la théorie de la violence de Qotb, l’un des idéologues les plus en vue des islamistes du monde entier ? Celui-ci avait appelé, au milieu des années soixante, à suivre l’exemple de l’expérience guerrière du prophète Mohammed, qui avait détruit les symboles du paganisme de la période préislamiste, en Arabie. Qotb en avait tiré la conclusion que pour prendre le pouvoir d’Etat, les « musulmans » (c’est-à-dire les islamistes) devrait recourir à la violence, qui est pour eux plus qu’une nécessité, une obligation. Burgat justifie cette « radicalisation » par les tortures que lui avait infligées le régime de Abdelnasser, avant de l’exécuter, en août 1966. Or Qotb ne pouvait pas ne pas s’inspirer de ses maîtres à penser : Ibn Taymiya, considéré comme le grand théoricien du djihad et Mohammed Ibn Abdelwaheb, dont la doctrine, le wahabisme, fait des ravages dans le monde musulman.

    De plus, le régime de Abdenasser tortura tout autant, et emprisonna pour de longues années et parfois, assassinat des communistes égyptiens, qui prônaient et se battaient pourtant pour le socialisme, qui était la doctrine officielle du régime. Pour autant, ces pratiques inhumaines ont-elles amené les communistes égyptiens à excommunier l’ensemble des Etats et des peuples musulmans, comme l’ont fait Qotb et ses semblables ? Non.

    Ce sont les communistes et l’extrême gauche des pays musulmans qui ont, depuis les années 1960 et 1970, qualifié les mouvements islamistes de fascistes. Ils l’ont fait en observant un certain nombre de caractéristiques essentielles sur les plans de l’organisation et des méthodes que ces derniers avaient copié sur les chemises brunes de Benito Mussolini et les Section d’assaut d’Adolf Hitler. Il faudrait ajouter les similitudes dans leurs programmes politiques respectifs en faveur d’un capitalisme, pure et dure. Sous couvert de char’ia, c’est-à-dire d’application des préceptes pseudo-divins (car ils sont de fabrication humaine), les mouvements islamistes visent à instaurer un ordre politique et social qui muselle les classes laborieuses musulmanes et interdisent leurs organisations politiques et syndicales de gauches. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que les marxistes étaient la cible permanente et privilégiée de des calomnies et des agressions physiques des islamistes, au nom d’ « Allah Akbar !» (Dieu est grand !) et à coup de barres de fer, de gourdins, de sabres, de chaînes à vélo, d’esprit de sel, etc. Ces agressions, qui se faisaient souvent avec la complicité, active ou passive, des régimes en places, entraînaient parfois morts d’hommes. Au début des années 1980, l’étudiant, Kamel Amezal, avait été assassiné, dans la cité universitaire-garçons- de Ben Aknoun, à Alger, à coups de sabre, par un commando islamiste, qui voulait interdire toute activité dans la cité, à part les leurs.

    Les islamistes cultivent aussi une véritable névrose envers le sexe des musulmanes. Les islamistes culpabilisent la plupart d’entre elles en les traitant de mauvaises croyantes, voire de dévergondées, de dénudées ou de prostituées, pour l’unique raison qu’elles ne portent pas leur uniforme politique et sexiste. Sexiste, car cet uniforme, qu’est le hidjab, considère non seulement la musulmane comme inférieure au musulman, mais aussi parce qu’il les considère tous deux, non pas avant tout comme des êtres humains, mais d’abord comme des sexes.

    (à suivre)
    Notes

    [1] Ce sont les réconciliateurs algériens, français et des ONG des droits de l’Homme, qui ont appelé « éradicateurs », les démocrates algériens opposés à l’instauration d’une théocratie islamiste et ultra-libéral en Algérie. Ils voulaient par cette appellation leur attribuer mensongèrement la volonté de persécuter indistinctement tous les militants et les sympathisants, voire les électeurs du FIS, alors que l’objectif des forces antifascistes algériennes était d’éradiquer le terrorisme de ce parti.

    [2] Les démocrates anti-islamistes s’étaient, à un moment donné de la lutte contre l’islamofascisme du FIS, autodésignés ainsi, afin de se distinguer aussi bien de la frange du pouvoir opposé au FIS que des démocrates, qui se sont compromis avec lui, et qu’ils ont rangés sous l’étiquette « réconciliateurs », parce que ceux-ci avaient pris fait et cause pour le FIS.

    [3] Contrairement à ce que l’on croit, ce n’est pas tout le pouvoir algérien, avec ses principales composantes et centres de décisions, en premier parmi les forces de sécurité et le FLN, qui était opposé à l’accession du FIS au pouvoir. Ainsi, les réconciliateurs étaient représentés dans le pouvoir par les hommes de l’ancien président de la république, Chadli Bendjedid, y compris parmi les chefs de l’armée algérienne, par les hommes de Mouloud Hamrouche, ancien Premier ministre, par Abdelhamid Mehri, alors secrétaire général du FLN, par l’islamiste, Abdelaziz Belkhadem, alors vice-président, puis président de l’Assemblée nationale, aujourd’hui, Premier ministre…

    par Hakim Arabdiou

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