La garde montante et la garde descendante : tu te couches et je me lève
Avec un "portrait" du genre d'anarchie dont tu te prévaus, dont je te livre les grands traits :
- des gens plutôt intelligents et cultivés, mais que de gros problèmes personnels ont mis en porte à faux social.
- des gens plutôt intellectuellement honnêtes, mais qui n'ont pas été confrontés dans le respect à toutes les variantes sociales, et ont donc cru pouvoir diviser la société en blocs, de manière enfantine (sales flics, sale pouvoir, sale fric, sales profs, etc), sans arriver à concevoir que toutes les composantes de la société détiennent une part de vérité et ont une utilité. Un peu à l'instar des gens qui n"aiment pas" les insectes, les hiboux,, les chauve-souris, les vers de terre, les araignées, mais se croient amis de la nature
- de ce fait, ces gens croient, bien à tort, "connaître la société" tout en en ignorant les interactivités indispensables, et en se fondant sur quelques petites notions dont ils tentent de faire un tout cohérent et négatif : ils parlent d'OGM, de puissances pétrolières, de prisons, de candy-bars, de Big Mac, de dé-localisations ou de commerce équitable, de risques nucléaires, et croient connaître le monde. En fait, ce sont surtout des collectionneurs de mauvaises nouvelles "tendance" ...
- forts de ce bagage lacunaire, ils se regroupent pour refaire le monde à leur manière, et se prennent pour Robin des Bois par quelques menues "actions d'éclat", souvent illégales et donc associales, qui leur donnent l'impression de "vivre" sans grand effort.
- ces propos et actions les dopent, et libèrent chez eux la tendance paranoïaque à penser qu'ils sont la conscience de la société, qu'ils ont "une mission", et que ceux qui ne les rejoignent pas sont silencieux soit par peur, soit par inconscience.
- du coup, le sentiment de devoir se substituer à eux devient obsessionnel.
Mon avis est que construire une société, c'est comme édifier un mur : chacun doit y aller de sa petite brique, en faisant de son mieux dans le champ de ses possibilités. Le modeste comptable qui fait une belle "balance", l'invisible cordonnier qui recolle une semelle, la dactylo qui tape Le Moniteur, l'avocat qui défend son client, le médecin qui vaccine un gosse contre le rhume des foins, l'attaché de Cabinet qui cherche à améliorer le piètre dossier d'une petite vieille luttant pour obtenir une pension, le professeur qui souligne une faute d'orthographe ou le Président de la Banque nationale mettant toutes ses données en perspective pour donner des indicateurs économiques participent tous, à leur échelle, et sans bruit, au fonctionnement de la société, exactement comme chaque micro-orgaisme participe à la chaine biologique.
Il n'y a donc pas de gens plus importants que d'autres, plus utiles que d'autres, plus répréhensibles que d'autres.
Restent ceux qui, sciemment, sabotent l'ouvrage ...
- Il y a ceux qui, avec de bons ou de mauvais motifs, transgressent la Loi.
La société a mis en place une machine judiciaire pour les traiter.
- il y a ceux dont le sabotage réside dans la paresse. Dans un système qui impose des obligations de résultats, ils sont vite détectés et centrifugés, alors que dans les organisations qui se contente de digérer des budgets, ils peuvent prospérer indéfiniment.
- il y a surtout ceux qui sont perçus de l'extérieur comme saboteurs, simplement parce que ceux qui les jugent n'ont aucune idée de la situation qu'ils ont à gérer.
Mon crédo repose sur quelques points :
- faire modestement tout son possible à titre individuel ;
- ne jamais juger les autres de l'extérieur ;
- ne jamais perdre de vue que notre "opinion" peut être fausse, et n'engage que nous-même ;
- avoir une discipline personnelle nous contraignant, chaque fois que nous pensons voir une chose "qui cloche", d'en rechercher immédiatement trois qui sont formidables ;
- et ne jamais perdre de vue que le seul cadeau que nous puissions faire aux autres est le sourire ...